Publié le 26 Mars 2018

Evidemment, cette impression d’entendre déjà la Muse travestie en compagnon d’Hoffmann est consolidée par l’interprétation de Mariam Sarkissian, qui fut jadis un bien bel Oreste et qui a exactement le timbre qu’on aimerait entendre en Nicklausse. C’est avec tout le soin et toute l’ardeur d’ordinaire réservé aux œuvres consacrées que la mezzo chante ces mélodies, en lesquelles il devient dès lors possible de croire. Maîtresse d’œuvre de l’opération, elle s’efface pour une moitié du programme derrière son élève la soprano Fanny Crouet aux aigus argentins, mais leurs deux voix sont réunies pour la seule plage comique du disque, le duo « Meunière et fermière », allègre crêpage de chignon d’une douzaine de minutes, construit comme un affrontement de divas rurales, où les chanteuses s’amusent manifestement.

Le pianiste Daniel Propper soutient les voix avec l’autorité nécessaire dès que sa partie lui autorise une présence plus affirmée. Et, luxe appréciable, d’autres instrumentistes ont été convoqués pour deux des mélodies : le clarinettiste Julian Milkis pour la « Ronde tyrolienne », et le violoncelliste Levon Arakelyan pour « L’Etoile ».

Forum Opéra

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Rédigé par Mariam Sarkissian

Publié le 24 Février 2018

Mariam Sarkissian, Alexandre Roudine, Konstantin Lifschitz, Julian Milkis et Polina Osetinskaya
Alexandre Roudine, Konstantin Lifschitz, Mariam Sarkissian, Julian Milkis et Polina Osetinskaya

 

Mariam Sarkissian, Alexander Roudine, Julian Milkis, Polina Osetinskaya et Konstantin Lifschitz
Après le concert. Alexander Roudine, Mariam Sarkissian, Julian Milkis, Polina Osetinskaya et Konstantin Lifschitz

 

Mariam Sarkissian, Julian Milkis, Konstantin Lifschitz et Alexander Roudine
Julian Milkis, Konstantin Lifschitz, Alexander Roudine et Mariam Sarkissian

 

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Rédigé par Mariam Sarkissian

Publié le 2 Décembre 2017

 

Belles découvertes que ces Songs and instrumental music du compositeur arménien contemporain , dans un nouveau disque dont il est lui-même directeur artistique. Ces musiques, enregistrées en première mondiale par Brilliant Classics, présentent un équilibre manifeste entre tradition et modernité, où l’atmosphère intimiste et la complicité franche des interprètes rayonnent.
Composés en 2012, les Canti Paralleli, qui font l’objet des premières pistes de ce disque, s’inscrivent dans la tradition des poèmes mis en musique. Les textes de quatre auteurs arméniens (Baghdasar Dpir, Eghishe Charents, Avetik Isahakyan et Vahan Teryan) ont comme fil conducteur l’amour (d’une femme ou de la patrie), la nostalgie de la terre natale, et l’exil. La musique de  favorise clairement l’osmose entre les musiciens, par une hiérarchisation diffuse, voire inexistante, des divers protagonistes. Song of lost love qui débute ce cycle vocal de huit pièces est bien représentatif de cette démarche : la longue partie instrumentale, sombre et pleine de mystère, s’enchevêtre délicatement avec le chant sobre et élégant de , une artiste engagée dans la diffusion de répertoires nouveaux ou oubliés dont la voix profonde traduit ici une captivante gravité. It is my clam evening now met en lumière le jeu de la pianiste  qui occupe, dans la même veine, une place identique à celle de la mezzo-soprano. L’osmose est totale, dans On the blue lake, entre le balancement sensuel des cordes, le jeu cristallin du piano et la détermination de la voix.
La deuxième partie de ce disque est consacrée à des pièces instrumentales dédiées au violoniste soviétique Oleg Kagan, décédé il y a maintenant 27 ans. L’ambiance intimiste et la simplicité de ton, d’une redoutable efficacité, perdurent, avec une pièce pour clarinette, violoncelle et orchestre de chambre de plus d’une quinzaine de minutes, Postludia, où les sonorités jazz du clarinettiste  se confondent avec le lyrisme romantique du violoncelle.
Avec le même effectif que le Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen (ce qui n’est pas un hasard, puisque cette pièce de Mansurian a été jouée, lors de sa création, au même programme que l’œuvre du compositeur français), soit un piano, une clarinette, un violon et un violoncelle, l’Agnus dei, dernière pièce de ce programme, se compose de trois mouvements. La langueur du premier mouvement et du Miserere nobis se situe dans la même lignée que les œuvres précédemment interprétées, alors que la tension du Qui tollis peccata mundi éveille les sens de manière plus singulière.
Pilier de la culture arménienne contemporaine, la nostalgie d’un « paradis perdu » du musicien Tigran Mansurian reste toujours bien présente dans ce nouvel enregistrement.

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Rédigé par Mariam Sarkissian